les Dogon
Les Dogon sont un peuple
du sud du Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest. Leur territoire est
situé dans la zone du Sahel. Il comprend le plateau Dogon, les falaises
du Bandiagara et la plaine de Seno.
Les Dogon étaient environ 600 000
en 2000. Ils parlent le dogo so, une langue qui se subdivise en de
nombreux dialectes. La langue des Peul, peuple voisin, sert de langue de
communication entre les villages. L’islam est devenu depuis 50 ans
la religion dominante chez les Dogon.
DU PAYS MANDINGUE AUX FALAISES DE
BANDIAGARA
Entre le xie et le xiiie siècle, les Dogon émigrent du pays
mandingue, à l’ouest du Mali : ils fuient les conquérants musulmans qui
veulent les convertir à l’islam. Ils se réfugient sur les falaises de
Bandiagara d’où ils chassent un autre peuple, les Tellem, qui y vivait dans des
habitations troglodytes (dans des cavités creusées dans les rochers). Ils
subissent aux siècles suivants la domination de plusieurs peuples africains,
avant d’être colonisés en 1893 par les Français.
Depuis les années 1970, les
Dogon sont confrontés à des sécheresses à répétition. La pauvreté
qui en découle pousse certains à s’établir dans les villes. Cet exode rural
provoque une découverte brutale de la modernité. Si beaucoup de Dogon sont
aujourd’hui convertis à l’islam, celui-ci reste souvent superficiel, et
certains villages perpétuent la religion animiste traditionnelle. Ces
pratiques, qui donnent lieu à des manifestations culturelles spectaculaires,
font d’ailleurs du pays dogon une destination touristique recherchée.
DES MYTHES TRÈS RICHES ET COMPLEXES
Le peuple dogon se distingue
en effet par la richesse et la complexité de sa cosmogonie, c’est-à-dire
par l’ensemble des mythes qui expliquent la création du monde.
L’ethnologue Marcel Griaule (1898-1956), spécialiste des Dogon, en a recueilli
le récit auprès d’un vieux Dogon en 1931, et en a tiré un livre célèbre
intitulé Dieu d’eau. La mythologie dogon fait intervenir le dieu
créateur Amma, marié à la Terre. La Terre donne deux enfants à Amma :
Nommo et Yurugu. Nommo engendre quatre couples de jumeaux, à l’origine des
quatre tribus dogon nommées Dyon, Arou, Ono et Domno, et des quatre grands
cultes. Yurugu, transformé en petit renard nocturne, fait aussi l’objet d’un
culte. Les devins interprètent les traces laissées par les renards la nuit sur
le sol grâce à des tables de divination.
UN PEUPLE D’AGRICULTEURS SUR UN SOL
INGRAT
Essentiellement agriculteurs,
les Dogon ont réussi à tirer parti de l’environnement sahélien dans lequel ils
vivent, où l’eau est très peu abondante. Ils cultivent le mil, le sorgho, le
riz et les oignons sur de petites parcelles. Les récoltes sont stockées dans
des greniers aux toits coniques recouverts de paille. Les villages anciens sont
accrochés aux falaises et comportent de nombreuses maisons de pierres sèches ou
de briques d’argile crue. La façade des grandes maisons de famille est ornée de
80 niches, correspondant aux 8 ancêtres fondateurs et à leur
descendance.
Les hommes se réunissent
dans la toguna, ou « maison de la parole ». Pendant leurs
règles, les femmes sont considérées comme impures et vont habiter dans des
maisons rondes, aux abords du village.
UNE STRUCTURE SOCIALE LIÉE À LA
COSMOGONIE
La société est fondée sur
plusieurs distinctions : entre les hommes et les femmes, entre les groupes
d’âge, entre les professions. Ainsi, les forgerons, les artisans et les griots
(des musiciens-poètes qui transmettent la tradition orale), constituent des
castes habitant des quartiers séparés. Les garçons qui ont connu ensemble la circoncision
forment une même classe d’âge. Ils doivent s’entraider toute leur
vie. Ils vivent ensemble dans une maison jusqu’à leur mariage. Il en est de
même pour les jeunes filles, qui subissent, elles, le rite de l’excision.
La structure sociale est
également liée aux mythes de la création. En effet, à son sommet, on trouve les
hogon, qui représentent le dieu Amma et les puissances
surnaturelles. Les hogon sont les chefs politiques et religieux
qui conduisent les quatre tribus dogon ; ils exercent leur autorité sur
les classes d’âge. Ils dirigent aussi la société des masques (ava),
qui regroupe tous les hommes circoncis, jeunes et vieux. La société des masques
tient une grande place dans les rites funéraires (liés à la mort et aux funérailles).
les rites de la circoncision et de
l'excision
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La circoncision et l'excision sont des opérations
pratiquées sur les organes génitaux de l'homme et de la femme. Chez
l'homme, la circoncision consiste à couper le morceau de peau qui recouvre le
bout du pénis (le prépuce). Chez la femme, l'excision consiste à retirer le
clitoris et les petites lèvres.
Dans de nombreuses cultures non occidentales, la circoncision et l'excision sont des rites de purification et d'initiation : ce sont des actes qui marquent le passage de l'enfance à l'âge adulte. Toutefois, l'excision a des conséquences graves sur la santé et le bien-être des femmes : les accouchements sont très douloureux pour les femmes excisées ; les opérations étant souvent pratiquées dans de mauvaises conditions d'hygiène, les jeunes filles courent le risque d'attraper des infections, voire même de mourir. L'excision est interdite en France. Dans les pays où elle est autorisée, de nombreuses organisations de défense des droits de la femme luttent pour son abolition. |
UN ART TRÈS RÉPUTÉ
Sobre et dépouillé, l’art
des Dogon est réputé. Il s’agit surtout de masques et de statuettes
rituelles. Les statuettes sont placées dans les sanctuaires familiaux et
représentent les ancêtres ou les êtres mythiques. Les masques, superbes,
complétés par un costume, sont portés par les danseurs lors des cérémonies
funéraires spectaculaires. Un mannequin du défunt est aussi réalisé. Mais la
plus grande cérémonie dogon est le sigui, où apparaît le masque du même
nom, haut de 7 mètres. Elle ne se produit que tous les 60 ans
— la dernière remonte à 1967.
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