vendredi 3 janvier 2014

LES DOGON

les Dogon


Les Dogon sont un peuple du sud du Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest. Leur territoire est situé dans la zone du Sahel. Il comprend le plateau Dogon, les falaises du Bandiagara et la plaine de Seno.
Les Dogon étaient environ 600 000 en 2000. Ils parlent le dogo so, une langue qui se subdivise en de nombreux dialectes. La langue des Peul, peuple voisin, sert de langue de communication entre les villages. L’islam est devenu depuis 50 ans la religion dominante chez les Dogon.

DU PAYS MANDINGUE AUX FALAISES DE BANDIAGARA

Entre le xie et le xiiie siècle, les Dogon émigrent du pays mandingue, à l’ouest du Mali : ils fuient les conquérants musulmans qui veulent les convertir à l’islam. Ils se réfugient sur les falaises de Bandiagara d’où ils chassent un autre peuple, les Tellem, qui y vivait dans des habitations troglodytes (dans des cavités creusées dans les rochers). Ils subissent aux siècles suivants la domination de plusieurs peuples africains, avant d’être colonisés en 1893 par les Français.
Depuis les années 1970, les Dogon sont confrontés à des sécheresses à répétition. La pauvreté qui en découle pousse certains à s’établir dans les villes. Cet exode rural provoque une découverte brutale de la modernité. Si beaucoup de Dogon sont aujourd’hui convertis à l’islam, celui-ci reste souvent superficiel, et certains villages perpétuent la religion animiste traditionnelle. Ces pratiques, qui donnent lieu à des manifestations culturelles spectaculaires, font d’ailleurs du pays dogon une destination touristique recherchée.

DES MYTHES TRÈS RICHES ET COMPLEXES

Le peuple dogon se distingue en effet par la richesse et la complexité de sa cosmogonie, c’est-à-dire par l’ensemble des mythes qui expliquent la création du monde. L’ethnologue Marcel Griaule (1898-1956), spécialiste des Dogon, en a recueilli le récit auprès d’un vieux Dogon en 1931, et en a tiré un livre célèbre intitulé Dieu d’eau. La mythologie dogon fait intervenir le dieu créateur Amma, marié à la Terre. La Terre donne deux enfants à Amma : Nommo et Yurugu. Nommo engendre quatre couples de jumeaux, à l’origine des quatre tribus dogon nommées Dyon, Arou, Ono et Domno, et des quatre grands cultes. Yurugu, transformé en petit renard nocturne, fait aussi l’objet d’un culte. Les devins interprètent les traces laissées par les renards la nuit sur le sol grâce à des tables de divination.

UN PEUPLE D’AGRICULTEURS SUR UN SOL INGRAT

Essentiellement agriculteurs, les Dogon ont réussi à tirer parti de l’environnement sahélien dans lequel ils vivent, où l’eau est très peu abondante. Ils cultivent le mil, le sorgho, le riz et les oignons sur de petites parcelles. Les récoltes sont stockées dans des greniers aux toits coniques recouverts de paille. Les villages anciens sont accrochés aux falaises et comportent de nombreuses maisons de pierres sèches ou de briques d’argile crue. La façade des grandes maisons de famille est ornée de 80 niches, correspondant aux 8 ancêtres fondateurs et à leur descendance.
Les hommes se réunissent dans la toguna, ou « maison de la parole ». Pendant leurs règles, les femmes sont considérées comme impures et vont habiter dans des maisons rondes, aux abords du village.

UNE STRUCTURE SOCIALE LIÉE À LA COSMOGONIE

La société est fondée sur plusieurs distinctions : entre les hommes et les femmes, entre les groupes d’âge, entre les professions. Ainsi, les forgerons, les artisans et les griots (des musiciens-poètes qui transmettent la tradition orale), constituent des castes habitant des quartiers séparés. Les garçons qui ont connu ensemble la circoncision forment une même classe d’âge. Ils doivent s’entraider toute leur vie. Ils vivent ensemble dans une maison jusqu’à leur mariage. Il en est de même pour les jeunes filles, qui subissent, elles, le rite de l’excision.

La structure sociale est également liée aux mythes de la création. En effet, à son sommet, on trouve les hogon, qui représentent le dieu Amma et les puissances surnaturelles. Les hogon sont les chefs politiques et religieux qui conduisent les quatre tribus dogon ; ils exercent leur autorité sur les classes d’âge. Ils dirigent aussi la société des masques (ava), qui regroupe tous les hommes circoncis, jeunes et vieux. La société des masques tient une grande place dans les rites funéraires (liés à la mort et aux funérailles).


les rites de la circoncision et de l'excision
La circoncision et l'excision sont des opérations pratiquées sur les organes génitaux de l'homme et de la femme. Chez l'homme, la circoncision consiste à couper le morceau de peau qui recouvre le bout du pénis (le prépuce). Chez la femme, l'excision consiste à retirer le clitoris et les petites lèvres.
Dans de nombreuses cultures non occidentales, la circoncision et l'excision sont des rites de purification et d'initiation : ce sont des actes qui marquent le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Toutefois, l'excision a des conséquences graves sur la santé et le bien-être des femmes : les accouchements sont très douloureux pour les femmes excisées ; les opérations étant souvent pratiquées dans de mauvaises conditions d'hygiène, les jeunes filles courent le risque d'attraper des infections, voire même de mourir. L'excision est interdite en France. Dans les pays où elle est autorisée, de nombreuses organisations de défense des droits de la femme luttent pour son abolition.

UN ART TRÈS RÉPUTÉ

Sobre et dépouillé, l’art des Dogon est réputé. Il s’agit surtout de masques et de statuettes rituelles. Les statuettes sont placées dans les sanctuaires familiaux et représentent les ancêtres ou les êtres mythiques. Les masques, superbes, complétés par un costume, sont portés par les danseurs lors des cérémonies funéraires spectaculaires. Un mannequin du défunt est aussi réalisé. Mais la plus grande cérémonie dogon est le sigui, où apparaît le masque du même nom, haut de 7 mètres. Elle ne se produit que tous les 60 ans — la dernière remonte à 1967.


POUR ALLER PLUS LOIN

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